Le Togo poursuit résolument sa marche vers une couverture sanitaire inclusive. Après les fonctionnaires, les agents publics et certains corps professionnels, le pays vient de franchir une étape décisive dans la mise en œuvre de son programme d’Assurance Maladie Universelle (AMU) : l’extension du dispositif aux travailleurs non-salariés (AMU-TNS). L’annonce officielle a été faite le jeudi 20 octobre à Lomé par le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture sanitaire universelle, Jean-Marie Tessi, au cours d’une cérémonie marquant le lancement du régime.
Cette réforme, saluée comme une avancée sociale majeure, est le fruit d’un travail coordonné entre plusieurs institutions publiques, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et les organisations professionnelles. Elle s’inscrit dans la vision du gouvernement togolais de bâtir un système de protection sociale solidaire, équitable et durable pour tous les citoyens, quel que soit leur statut socio-économique.
Une couverture pensée pour les travailleurs informels
L’AMU-TNS s’adresse à une frange importante de la population active : les travailleurs indépendants et informels, souvent exclus des systèmes traditionnels de protection sociale. Artisans, commerçants, agriculteurs, conducteurs, couturiers, coiffeurs, vendeurs de rue ou encore restauratrices de fortune font désormais partie intégrante du dispositif national d’assurance santé.
Selon le ministre Jean-Marie Tessi, cette inclusion marque « une réponse concrète à une réalité trop longtemps ignorée : celle de millions de Togolaises et de Togolais qui participent activement à la vie économique de la nation, mais qui demeuraient en marge de la protection sociale ».
Il a souligné que cette extension repose sur trois piliers : la solidarité, la mutualisation des risques et l’accessibilité financière. Autrement dit, chaque travailleur non salarié, quel que soit son revenu ou son secteur d’activité, pourra bénéficier de soins essentiels sans craindre la ruine financière.
Des cotisations flexibles et une prise en charge élargie
La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), bras opérationnel du dispositif, a officialisé depuis le 7 octobre 2025 les modalités de mise en œuvre du régime. Les cotisations sont volontairement flexibles pour s’adapter aux réalités économiques des bénéficiaires : 10 000 FCFA par mois, 28 500 FCFA par trimestre, 54 000 FCFA par semestre ou 102 000 FCFA par an. La couverture sanitaire inclut six ayants droit, avec des soins préventifs, curatifs et hospitaliers. Une prise en charge partielle des analyses et médicaments essentiels. Une période de carence de 90 jours est prévue avant l’accès aux prestations. Et en cas de non-paiement durant deux mois, les droits sont suspendus, afin d’assurer la pérennité du dispositif. La plateforme numérique de la CNSS permet aux travailleurs l’enrôlement et le paiement en ligne. Les prestations offertes sont : soins préventifs, soins curatifs, soins hospitaliers, prise en charge partielle des analyses et médicaments essentiels
Notons que la contribution ouvre droit à une couverture pour six ayants droit, incluant le titulaire et les membres de sa famille. Les prestations comprennent les soins préventifs, les consultations curatives, les hospitalisations, ainsi qu’une prise en charge partielle des analyses médicales et des médicaments essentiels.
Une réforme sociale au cœur de la vision gouvernementale
Pour le gouvernement togolais, l’extension de l’AMU aux travailleurs non-salariés s’inscrit pleinement dans la Stratégie nationale de protection sociale et dans les engagements du Plan national de développement (PND). Elle reflète également la vision du Président du Conseil et du gouvernement : construire un Togo où chaque citoyen, sans distinction de statut ou de revenu, peut vivre en bonne santé, dans la dignité et en sécurité.
« Ils ne seront plus seuls face à la maladie. Ils ne seront plus contraints de choisir entre se soigner et préserver leurs maigres revenus », a insisté Jean-Marie Tessi. Le ministre a aussi lancé un appel solennel à l’ensemble des travailleurs non-salariés : « Cette assurance est la vôtre. Elle est conçue pour vous, avec vous et grâce à vous. Adhérez massivement. Informez vos proches. Soyez les ambassadeurs de cette nouvelle ère de la protection sociale dans notre pays. »
Le ministre de la Santé a réaffirmé l’engagement de son département à poursuivre les concertations interinstitutionnelles pour améliorer la qualité des prestations, assurer la transparence des procédures et garantir l’accessibilité des services sur toute l’étendue du territoire.
Pour de nombreux observateurs, cette réforme constitue un jalon essentiel dans la construction d’un Togo plus juste et résilient. En intégrant les travailleurs informels, qui représentent une part considérable de l’économie nationale, le pays se rapproche de l’objectif d’une assurance santé réellement universelle, pilier fondamental du développement humain durable.
Avec l’AMU-TNS, le Togo affirme ainsi sa détermination à ne laisser personne au bord du chemin, un pas décisif vers la promesse d’un avenir où la santé ne sera plus un privilège, mais un droit pour tous. « C’est avant tout un impératif de justice sociale et un levier de développement économique durable », commente-t-on.
Lancée officiellement en janvier 2024, l’Assurance maladie universelle du Togo (AMU) poursuit une mise en œuvre progressive, par catégories socioprofessionnelles. Instituée par la loi d’octobre 2021, elle vise à garantir à terme une couverture santé à l’ensemble de la population togolaise.
Atha ASSAN









