La disparition subite de l’Archevêque de Lomé et président de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR), Mgr Yves-Nicodème Anani BARRIGAH- BENISSAN suscite de l’émoi au sein de la population togolaise. Les témoignages et hommages ne cessent de pleuvoir. L’opposition togolaise se montre très touchée.
Pour Me Dodji Apévon, président des Forces démocratiques pour la République (FDR), le décès de Mgr Barrigah constitue « une perte immense pour le Togo parce qu’on le connaît comme homme de Dieu mais on l’a découvert lorsqu’on lui a confié la mission de la CVJR. Une mission qu’il a accomplie avec beaucoup de doigté, et l’humilité qui le caractérise. Un homme qui était d’une approche facile », a-t-il témoigné. L’homme politique affirme qu’il a rencontré plusieurs fois l’illustre disparu et ils ont discuté ensemble des problèmes politiques du pays. « Il est tellement méticuleux que lorsque vous venez le voir, tout ce que vous dites, il a toujours un cahier et il note à la virgule près et vous donne des conseils. Il a été pour moi d’un apport appréciable en matière de solution allant vers la paix, le mieux-être dans notre pays. C’est pour cela que je dis que son départ est quelque chose de difficile à combler », a-t-il regretté. Ce dernier reconnaît que Mgr Barrigah a fait sa part pour le Togo. « Il s’est véritablement donné, il a apporté la touche nécessaire qu’il faut pour que les Togolais se retrouvent, se réconcilient, pour que la paix règne dans ce pays, pour que les problèmes politiques se règlent de manière efficiente. Il a fait sa part. A nous autres, aujourd’hui vivant, de faire la nôtre », a exhorté Me Dodji Apévon.
A l’Alliance nationale pour le changement (ANC), la nouvelle a été accueillie avec beaucoup de tristesse. « C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Mgr Barrigah. L’ANC et moi présentons nos sincères condoléances à ses parents puis à la Communauté catholique et à la haute hiérarchie de l’Eglise catholique du Togo », s’est exprimé Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC. L’ex bras droit de Gilchrist Olympio affirme avoir « beaucoup d’affection » pour le prélat. « J’avais beaucoup d’admiration pour sa sincérité, son courage dans les missions politiques qu’il a conduit. Il a dirigé la CVJR et puis il a eu des rôles dans les négociations oppositions-pouvoir en sa qualité d’Archevêque métropolitain de Lomé. Beaucoup d’admiration pour son courage dans ces missions mais également et surtout son brio dans l’expression de sa pensée. Il écrivait bien, il parlait bien. Il me recevait de temps en temps à ma demande pour des échanges sur la situation politique », a revelé l’opposant qui garde encore en mémoire l’office religieux célébré le 13 janvier 2023 par l’Archevêque à l’occasion du 60ème anniversaire de l’assassinat du président Sylvanus Olympio. « L’Eglise catholique a des gens de grandes valeurs », a-t-il reconnu.
Brigitte Adjamagbo-Jonhson, députée, Coordinatrice de la Dynamique pour la Majorité du peuple (DMP) et Secrétaire générale de la Convention démocratiques des peuples africains (CDPA), garde de l’Archevêque l’image d’un berger à l’écoute de ses brebis. « Quelqu’un qui ne sait pas contenter tout simplement d’être homme de Dieu mais qui avait à cœur la paix et le bien-être des Togolais. Il n’a pas hésité quand il a été sollicité pour être président de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) ; il a tout de suite accepté dans un contexte de défiance et de division entre les Togolais. Il est sorti de cette responsabilité avec un très bon résultat ; et même au sein de la classe politique, ceux qui doutaient de lui ont apprécié le rapport qu’il a sorti. Il a fait son travail avec objectivité et depuis lors, il a toujours eu le souci de voir appliquer les recommandations de la CVJR. Il ne s’est jamais désintéressé de la situation politique », a-t-elle commenté. L’opposante se dit être « redevable » envers le défunt. « Je n’oublierai jamais que lorsque Gerard Djossou et moi avions été arrêtés, il n’a pas hésité à intervenir en notre faveur en faisant publier un communiqué dans lequel il a eu le courage de dire que nous connaissant en tant que chrétiens catholiques, il ne nous pensait pas capable d’avoir fait ce qu’on prétendait que nous avions fait. Je lui dois la vie personnellement. Je pense que tous les Togolais reconnaîtront que c’est un homme de paix, un homme très doux, très diplomate qui dit les vérités sans choquer. Qu’il repose dans la paix du Seigneur », a déclaré Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Pour sa part, Gerry Taama, dans un hommage publié sur sa page Facebook affirme que Mgr Barrigah « était le meilleur. « Il avait la rhétorique, cette capacité à dire de grandes vérités avec ses phrases toutes simples. Il voulait de belles choses pour notre pays. Je ne crois pas que cet objectif soit atteint. La réconciliation pour laquelle il s’est tant battu reste une arlésienne », a commenté le leader du Nouvel engagement togolais (NET) qui raconte sa dernière rencontre avec le défunt : « c’était à la dédicace d’un livre que j’avais édité. Humble, à l’esprit alerte, et l’œil vif, je lui avais promis que je passerai le voir. Comme toujours, on croit que le temps est à notre disposition ».
Mgr Nicodème Barrigah, Archevêque métropolitain de Lomé est décédé le 04 août 2024 à Lomé, à l’hôpital Dogta-Lafiè, d’après le communiqué de la Conférence des Evêques du Togo (CET).
Atha ASSAN