« Si je ne meurs pas de faim, je peux dire ‘’oui’’ j’arrive à vivre de mon art »
Après ses études supérieures sanctionnées par une Licence à l’université de Lomé et un détour en Arabie Saoudite, le jeune, qui a pour nom d’artiste Amégnéblibo, s’est renoué pleinement avec sa passion : l’art plastique. Réaliser des portraits et surtout faire du gribouillage est son angle préféré. Ses réalisations épatent les visiteurs et captent l’attention de chaque passant qui défile devant son atelier. La rédaction de Togotopnews est allée à sa rencontre. Lire plutôt l’interview :
Qui est Amégnéblibo ?
A l’état civil Kokouda Amédédjisso je suis artiste plasticien. Titulaire d’une Licence en Comptabilité contrôle Audit (CCA) à l’Université de Lomé, j’ai une grande passion pour le dessin.
Qu’est-ce qui vous a motivé à opter pour ce métier ?
C’est la passion, je l’ai dès le bas âge. Je dessinais bien durant mon parcours scolaire mais arrivé en un moment donné, en 2008, après mon BEPC, j’ai tout abandonné pour me consacrer aux études. Et c’est après un voyage en Arabie Saoudite que la passion m’est revenue comme une mission divine à accomplir sur terre. Sur les réseaux sociaux, je regardais les œuvres des artistes qui m’épatent vraiment et je me disais moi aussi j’ai ce talent en moi et sans trop hésiter encore j’ai pris la décision de rentrer au pays et me consacrer dorénavant à ma passion. Actuellement quand je suis dans mon atelier et que les gens passent, ils disent waouh ! C’est une grande fierté.
D’où vous vient l’inspiration ?
Mon inspiration, c’est la nature. Je m’inspire des êtres humains pour faire des portraits avec l’ajout d’une touche personnelle pour donner plus d’envie aux gens à s’intéresser à l’œuvre. L’inspiration vient aussi des faits sociaux.
Est- ce que vous arrivez à vivre de votre métier ?
Si je ne meurs pas de faim, je peux dire ‘’oui’’ j’arrive à vivre de mon art. Actuellement, c’est tout ce que je fais, je n’ai pas d’activité secondaire, je me consacre totalement à ce métier. Je le fais en plein temps et grâce à Dieu, je reçois des commandes et cela me permet d’investir aussi dans mes créations personnelles et de participer à diverses expositions au Togo. J’ai déjà à mon actif une exposition personnelle que j’ai faite en 2021 qui est ma toute première expérience dans le domaine. C’était à la galerie Negrilis à Tokoin. Actuellement je ne me suis pas encore focalisé sur un seul style dans le domaine. Je fais un peu de tout et autrement à ma manière.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le métier ?
Ce ne sont pas des difficultés mais c’est de ne pas avoir assez d’admirateurs, assez de gens qui s’intéressent vraiment à ce que nous faisons dans ce domaine pour que nous puissions vivre pleinement de ce que l’on fait.
Vos clients, qui sont-ils et comment se fait la commande ?
Ma base clientèle, je la tire sur les réseaux sociaux en partageant mes œuvres par exemple sur Instagram, Facebook et WhatsApp. Des amis relayent et c’est de là que proviennent mes clients. Il y a des clients de tout type ; mes amis, ceux que je ne connais pas et aussi des grands admirateurs qui m’encouragent.
Combien coûtent vos tableaux ?
Pour ce format par exemple (tableau de Bob Marley 90 /65) je demande un tarif de 100 000 FCFA ; c’est le gribouillage et c’est avec ce style de dessin que j’arrive à me démarquer un peu dans le domaine ici au Togo. Le gribouillage intéresse beaucoup de personnes, elles sont souvent impressionnées. Je mise beaucoup sur le gribouillage et le graffiti. Je fais aussi du photo réalisme quand tu vois le dessin, il n’y a pas une différence entre le dessin et la photo originale.
En quoi la technologie facilite votre travail ?
Nous qui sommes de la nouvelle génération dans ce domaine, notre force de base c’est les réseaux sociaux, puisque quand j’ai commencé c’est seulement avec les partages sur les réseaux sociaux que les gens me découvrent. Quand les gens font les commandes sur les réseaux sociaux, ils m’envoient les images à peindre. C’est à travers ce canal qu’ils m’envoient les images pour la première fois et c’est à la livraison qu’on se rencontre physiquement. Les marchés se concluent dans la plupart des cas sur les réseaux sociaux.
Cette manière de porter votre casquette, est-ce pour vous une simple marque d’identité ou de l’art ?
Les gens me connaissent à travers cela actuellement. Partout, sur les réseaux sociaux je n’ai pas encore apparu sans mes casquettes. Et quand les gens me voient ils disent je t’ai vu de loin et je t’ai reconnu à travers tes casquettes. J’adore ça puisqu’ à la base, j’étais dans le mouvement Hip-Hop qui regroupe le graffiti et le breakdance. Autrefois, j’étais danseur de Breakdance.
Quels conseils avez-vous à donner à ceux qui s’intéressent à ce domaine et hésitent encore à se lancer ?
Dans la vie, rien n’est sûr, il faut toujours donner la raison à son cœur parce qu’à la base, je n’ai jamais imaginé devenir artiste. Cela s’est imposé à moi à un moment donné et j’ai tout laissé pour le faire. Il faut y croire peu importe ce que les gens diront. Pour mon exemple, à un certain moment pour éviter la pression des gens et le découragement, je me suis isolé au Ghana pour me parfaire dans le domaine. Il faut y croire, il faut se donner à fond. Quand tu fais quelque chose avec de la passion et que tu y crois vraiment ça payera tôt au tard. Au début, je n’ai eu aucun souci avec la famille, j’ai déjà bien fait à la base ce que mes parents désirent, j’ai fait les études. Puis j’ai commencé à être moi-même, je ne suis plus à la charge de mes parents, juste que des encouragements du côté de mes frères et sœurs et de ma mère.
Interview réalisée par Atha ASSAN