Le dialogue intergénérationnel pourrait être une stratégie idéale pour sauter les verrous et amener adultes et jeunes à se retrouver autour d’une table de discussions pour parler des sujets tabous, s’écouter et se comprendre. Dans une interview accordée à Togotopnews , le Pasteur Gakoto Yao Happy de l’église pentecôte du Togo et membre de l’Association des confessions religieuses du Togo pour la santé et le développement (ACRT/Togo) insiste sur l’importance de la méthode surtout en ce qui concerne la sexualité chez les adolescents et jeunes.
Dialogue intergénérationnel : quelle lecture en faites-vous?
C’est une bonne chose de pouvoir communiquer entre deux générations, les aînés et les jeunes ; les aînés étant des indicateurs de voie, des gens qui partagent l’expérience afin d’éviter à la jeunesse certaines erreurs et de les mettre sur une bonne route pour la réussite de leur vie.
Dans quel environnement cela doit se tenir ?
Il faut créer un environnement de confiance, loin de toutes intimidations et menaces. Il faut rassurer les jeunes, leur laisser la liberté de s’exprimer ; les écouter, les comprendre et les amener aussi à nous comprendre. Il faut aussi que les jeunes de leur part, fassent l’effort de respecter et de comprendre qu’ils ont quelque chose à recevoir de leurs aînés. Les jeunes ont besoin des aînés, les aînés aussi ont besoin des jeunes. C’est dans le respect mutuel et nous gagnons tous.
Dialogue intergénérationnel : une opportunité pour parler aisément de la sexualité avec les jeunes ?
Souvent ce sujet (sexualité) est tabou dans plusieurs milieux parce que nous appartenons à une génération, une culture de honte. Chez nous (en Afrique) ce n’est pas tout qui se dit entre parent et enfant. Dans le cadre du dialogue intergénérationnel, je vois que nous allons laisser les jeunes exprimer leurs besoins, nous disent ce qu’ils vivent lorsqu’ils parviennent à l’âge de l’adolescence. Comment vivent-ils les transformations qui se manifestent dans leur corps. Et maintenant, c’est à nous de leurs montrer comment les gérer. Au-delà des religions et de nos coutumes, nous pouvons avec nos expériences amener les jeunes à canaliser leur libido et à en faire usage dans une bonne voie pour un avenir meilleur. En procédant ainsi, nous pouvons éviter les grossesses précoces, les avortements clandestins qui se terminent fatalement. Nous pouvons sauver beaucoup de vies si nous œuvrons dans ce cadre pour dialoguer avec les jeunes sans restrictions, sans oppression et en leur accordant la liberté de s’exprimer.
Pensez-vous que l’église peut abriter ce dialogue ?
L’église est un cadre idéal parce que quand Dieu a créé l’homme et la femme, la Bible nous dit que Adam alla vers sa femme donc la sexualité est enseigné dans la bible. Je ne parle pas de sexe, je parle de la sexualité qui fait l’homme en entier. Depuis la naissance jusqu’à la mort, nous traînons avec la sexualité donc l’église est un cadre idéal pour que le pasteur puisse parler aux jeunes de la sexualité. Tout récemment, dans le cadre de l’ACRT/SD, nous avons sensibilisé les jeunes de ma paroisse sur la sexualité. Nous avons projeté un film à cet effet suivi d’un débat. On a laissé les jeunes poser des questions sans tabou et nous avons essayé de leur répondre sans nous sentir choqués. On avait donné la liberté aux jeunes de s’exprimer. Nous étions contents, le résultat a été bon pour nous et pour eux. Donc l’église est un cadre idéal où on peut parler de la sexualité. J’ai l’habitude de dire que l’église est comme un garage d’auto où les voitures en panne peuvent être réparées.
Propos recueillis par Atha ASSAN