En conseil des ministres le 8 février 2024, le Gouvernement a pris un décret répartissant les sièges de députés en fonction des circonscriptions électorales. Ceci en application de la loi organique n°2024-002 du 31 janvier 2024 qui a porté le nombre des députés de 91 à 113. Des partis d’opposition réagissent à cette nouvelle répartition ainsi qu’à l’augmentation de la caution pour prendre part aux élections législatives prévues pour le 13 avril prochain.
Face à la presse le samedi 10 février, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a exprimé son « désaccord total » avec ce nouveau découpage gouvernemental pour les élections législatives, et a rejeté « avec force tout découpage électoral établi en violation de la constitution et du code électoral en vigueur ». S’agissant du cautionnement qui est passé de 200 000FCFA à 500 000 FCFA pour se présenter aux législatives, Jean-Pierre Fabre et les siens trouvent cela « scandaleux » et « prohibitif ». « Rien ne peut la justifier. Est-ce que subitement le pouvoir d’achat des Togolais a augmenté ? Nous demandons au gouvernement de prendre des dispositions pour faire baisser ce cautionnement et surtout pour revenir au montant du cautionnement précédent », a suggéré le leader du parti orange. Toutefois, Jean-Pierre Fabre rassure que cette augmentation n’empêche pas son parti de participer aux élections. « Nous allons participer à toutes les élections ; nous avons des candidats partout. Nous demandons à la population de nous aider à participer à ces élections pour remporter la majorité des sièges », a lancé l’opposant.
A l’Alliance des démocrates pour un développement intégral (ADDI) également, on affirme que ce nouveau découpage est inégal au niveau des régions et préfectures. Le parti cite l’exemple de la préfecture de Tône qui avec 338 775 htbs se retrouve avec 4 sièges de députés de même que la préfecture de Zio avec 500 032 hbts. Ce qui signifie pour ADDI, un siège de député à Blitta égal à 40 mille 818 hbts, un siège de député à Tône égal à 84 mille 693 hbts, et un siège de députés à Zio égal à 125 008 hbts.
Au Comité d’action pour le renouveau (CAR) que dirige Yao Daté, l’on estime que le gouvernement déroule son agenda unitaire et n’aurait pas pris en compte des propositions faites par l’opposition. Cela concerne, entre autres, des discussions approfondies au sein du cadre permanent de concertation (CPC) sur les conditions d’organisation des élections apaisées, des préoccupations relatives au découpage électoral, les potentiels électeurs non enrôlés dans la zone 1 lors du recensement électoral et ceux ayant acquis l’âge de vote au cours de la période post recensement pour ainsi améliorer le fichier électoral. Enfin, le renouvellement de la CENI « pourtant acté » au CPC et les autres institutions impliquées dans l’organisation de ces élections.
Presque même son de cloche chez les Forces démocratiques pour la République (FDR) de Me Dodji Apévon. « Les inégalités sont renforcées dans certaines régions. Il croit nous empêcher d’aller aux élections en augmentant le taux de la caution. Cela ne nous empêcherait pas de compétir », a rassuré l’opposant. Il se désole également par rapport au délai très court accordé pour payer la caution et se préparer en général pour les élections.
Comme les FDR, l’ANC et l’ADDI, la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) dénonce le découpage tout en garantissant sa participation aux élections. « Nous irons à ces élections pour défendre jusqu’au bout les aspirations des Togolais au changement », a annoncé Brigitte Adjamagbo-Johnson.
Atha ASSAN