La capitale togolaise, Lomé accueille les 3 et 4 juillet 2023 les travaux de la première édition du Forum Infra pour l’Afrique couplé à l’Assemblée générale annuelle des actionnaires d’Africa 50 consacrés au développement et au financement des infrastructures en Afrique. A l’ouverture de la rencontre, le Président de la République a creusé l’objet du forum et fait sortir des propositions pour contrer les défis qui s’imposent dans le secteur.
L’un des défis de l’heure sur le continent est l’intégration dans les plans d’infrastructures un nouvel impératif. « Les infrastructures doivent répondre au défi climatique, elles doivent devenir des « infrastructures vertes » ce qui, évidemment, en augmente le coût. », a indiqué Faure Gnassingbé. Devant une telle situation, le Chef de l’Etat fait une analyse avec des remarques.
La première remarque de Faure Gnassingbé est que la dépense publique ne sera pas suffisante pour atteindre les objectifs de développement des infrastructures. « La situation actuelle comme les perspectives à moyen terme n’offrent aucun espoir d’amélioration significatif des capacités de financements publics. Le ralentissement économique mondial lié initialement à la crise pandémique du Covid-19 et renforcé depuis un an et demi par le conflit en Ukraine pèse lourdement sur les capacités budgétaires de nos gouvernements », a-t-il commenté. De fait, le numéro 1 des Togolais fait observer que l’implication du secteur privé dans le financement des infrastructures est incontournable. Ce qui doit aboutir à la construction d’un modèle économique viable. « Un partenariat avec l’État, autour de nouvelles politiques industrielles, est crucial pour attirer les capitaux étrangers. », conseille le Chef de l’Etat.
En ce qui concerne sa troisième remarque, Faure Gnassingbé indique que l’implication de l’État est nécessaire pour attirer des capitaux privés. « D’aucuns ont longtemps répété qu’il suffisait de ne pas entraver la libre circulation des capitaux pour qu’ils répondent à l’ensemble des besoins en investissement partout sur la planète. Historiquement, cette approche n’a jamais tenu ses promesses », a-t-il constaté. Et d’indiquer qu’il est de la responsabilité des politiques, des employeurs « à garantir un espace économique stable, transparent et réceptif aux contraintes des opérateurs économiques ».
La quatrième est le retour en grâce du concept de politique industrielle dans les pays du Nord. « Alors osons le mot : il nous faut des politiques industrielles. Un partenariat avec l’État, autour de nouvelles politiques industrielles, est crucial pour attirer les capitaux étrangers. », a souhaité Faure Gnassingbé.
Pour finir, le Chef de l’Etat affirme que « le partenariat entre le secteur privé et les pouvoirs publics ne sera fécond que s’il est rentable ». Cette rentabilité, poursuit-il, « dépend notamment de la capacité de faire évoluer la taille des projets en fonction de l’évolution des contraintes notamment financières ».
Main tendue aux partenaires du développement
Selon Faure Gnassingbé, « la nécessaire coopération entre financeurs privés et financeurs publics, comme l’engagement public à l’amélioration du climat des affaires, comme encore la définition de grands axes de stratégie industrielle ne peut se faire sans l’appui de nos partenaires institutionnels ».
Par ailleurs, les financements privés doivent entrer dans le cadre global des politiques de développement et l’accompagnement des fonds publics par les financements privés doit devenir plus fréquent. « Ce n’est pas seulement un impératif budgétaire. C’est aussi un atout en matière de résilience », a-t-il soutenu.
La rencontre de Lomé réunit les dirigeants de plus de 70 pays dont 50 Etats africains, des représentants des institutions de financement, des partenaires en développement, des financiers et plusieurs spécialistes du continent.
Africa50 est une plateforme d’investissement créée par des gouvernements africains et la Banque africaine de développement pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique. Elle a pour mission de mobiliser des financements des secteurs public et privé, de faciliter le développement de projets et d’investir dans les infrastructures sur le continent. Africa50 privilégie les projets de moyenne et grande envergure ayant un fort impact sur le développement de l’Afrique tout en proposant un rendement attractif aux investisseurs.
Atha ASSAN