Le 7 janvier dernier, des chirurgiens américains ont greffé un cœur issu d’un porc génétiquement modifié sur un patient atteint d’une grave insuffisance cardiaque; une première mondiale. Deux mois après cette opération considérée comme une réussite par les scientifiques, le patient, un américain âgé de 57 ans, a rendu l’âme.
Atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, David Bennett déclaré inéligible à une greffe humaine a pu au moins donner son avis en conscience. Son état ne lui permettait pas d’envisager une transplantation cardiaque classique, et il était totalement volontaire pour cette greffe expérimentale. L’homme pour qui aucun pronostic de vie n’est dédié a pu vivre encore deux mois aux côtés de sa famille.
Tout en regrettant le décès, les scientifiques gardent un espoir quant à la réalisation de ce type d’opération. « C’est déjà une véritable prouesse d’avoir permis à ce malade de survivre deux mois, et parce que toutes les transplantations d’organes, au début, se sont soldées par des échecs dont on a beaucoup appris », a commenté le professeur Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l’hôpital Georges Pompidou.
Bon à savoir !
La xénogreffe (ou xénotransplantation) désigne la transplantation d’un greffon (organe par exemple) où le donneur est d’une espèce biologique différente de celle du receveur. Elle s’oppose ainsi à l’allogreffe où le greffon vient de la même espèce que le receveur.
Par ailleurs, il est à rappeler que le premier greffe de cœur a été réalisé le 3 décembre 1967 à l’hôpital Groote Schur du Cap (Afrique du Sud) par le professeur Chris Barnard (45 ans). Son patient Louis Washkansky ne survit que 18 jours à l’opération. Il succombe à une simple infection pulmonaire suite à l’affaiblissement de ses défenses immunitaires. Sans se décourager, le professeur renouvelle la tentative un mois plus tard sur un nouveau patient, le dentiste Philip Blaiberg. Celui-ci survit 18 mois. Il a ouvert ainsi la voie aux équipes de chirurgie cardiaque du monde.
Atha ASSAN