Les assises se poursuivent à la Cour d’appel de Lomé. L’une des affaires jugées ce mercredi 14 juillet 2021 est celle d’un enseignant volontaire ayant enceinté une fille mineure et pris la fuite avec la collégienne à l’insu des parents.
La ruse utilisée par cet enseignant pour atteindre sa cible est stratégique. Le pédophile s’est vite approché de la famille de la petite fille âgée de 14 ans au moment des faits (2015) et très brillante à l’école. Tout d’abord, le monsieur venait chaque soir assister la maman de l’élève qui est revendeuse au quartier Agoè-Assiyéyé et par la suite l’enseignant volontaire s’est proposé de donner des cours de répétition de façon bénévole à la fille qui faisait la classe de 3ème. Et c’est là que la relation a pris une autre allure entre la fille et son instituteur. Une scène vite détectée par le père de l’élève. « Lorsque le papa s’est rendu compte de la proximité des relations du monsieur, il a déplacé sa fille du quartier Agoè où ils habitaient pour Zanguéra », a confié l’Avocate générale, Me Okpar Assera. La fille entre-temps, poursuit-elle, a quitté Zanguéra et revenu à Agoè au motif qu’elle voulait retirer son bulletin de note. « C’est en ce moment qu’il l’a vue et l’a amenée dans un premier temps à Kégué puis à Kpové dans la préfecture de Haho », a ajouté la magistrate.
Pendant ce temps, les parents cherchaient la fille un peu partout sans la retrouver. L’enseignant, selon l’avocate générale, a imposé à plusieurs reprises des relations sexuelles à la fille. Et c’est la maltraitance de la petite qui a attiré l’attention d’un colocataire qui a demandé le numéro des parents à la fille. La fille a filé le numéro et c’est là que le bienfaiteur a pu rentrer en contact avec les parents de la fille. « Le papa est donc allé à Notsè et il a appréhendé sa fille et l’a ramenée à Lomé. Et l’auteur est renvoyé par devant la Cour d’assise pour répondre des faits d’enlèvement d’enfant et de pédophilie, crimes et délits punis par les articles 378 et 393 du code de l’enfant », a détaillé le substitut du procureur général près du tribunal de Lomé.
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Tout en reconnaissant les faits, le sieur Ouro-Karim Ibrahim a fait savoir à la Cour que la fille est venue chez lui en lui annonçant qu’elle est enceinte et que ses parents comptent arrêter l’auteur de la grossesse. Et c’est là qu’il a jugé de fuir avec la fille pour Kpové (plus de 100 km Nord Lomé).
Pour l’avocate générale, il est très important de traiter cette affaire avec droiture pour à la fois rendre justice à la fille en question mais également à tous les enfants. Ceci, a-t-elle indiqué, pour décourager tout potentiel candidat à ces genres de crimes. Ainsi, en se basant sur le code pénal, la magistrate a réclamé une peine de 10 ans d’emprisonnement.
Du côté de la défense, on a demandé un acquittement du fait qu’aucun témoin ne s’est déplacé pour assister au procès. Aussi, ajoute le conseil de l’accusé, Ouro-Karim Ibrahim doit être libéré pour aller s’occuper de la fille (l’élève) et de son enfant, accouché le 16 mars 2016.
Après retrait, concertation et délibération, la Cour a tranché. Le sieur Ouro-Karim Ibrahim est condamné à 10 ans de réclusion criminelle. La défense dispose de 8 jours francs pour se pourvoir en cassation contre cet arrêt.
Par ailleurs, en absence de la partie civile, la Cour n’a pas pu se prononcer sur les dommages et intérêts. L’accusé est âgé aujourd’hui de 31 ans.
Atha ASSAN