L’équation est souvent difficile à résoudre par les professionnels des médias : savoir exactement la limite entre la vie privée et publique des autorités administratives et autres personnalités . Ce n’est pas toujours facile pour le journaliste de trouver aisément la ligne de démarcation. Au cours d’une récente rencontre de sensibilisation sur les innovations du nouveau code de la presse, des éclaircissements ont été apportés sur la question, par les panélistes dont le professeur Akodah Ayéwouadan, Agrégé des Facultés de droit et ministre de la communication et des médias.
Des journalistes ont été déjà interpellés par la Haute Autorité de l’Audio Visuel et de la Communication HAAC ou convoqués par les instances judiciaires sur le problème plus d’une fois. Pour résoudre l’équation, le ministre renvoie les journalistes à l’article 12 de la déclaration universelle des droits de l’Homme : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ». Pour le professeur Akodah Ayewouadan, tout est résumé dans cet article. « Si ce que vous écrivez porte atteinte à l’honneur et à la réputation, vous vous exposez », a expliqué l’Agrégé des Facultés de droit.
Au fond, souligne le ministre, tout réside dans la tournure et la rédaction pour présenter les faits. « Si les faits ne sont pas avérés, vous êtes en danger. Et c’est en cela qu’on peut appeler au professionnalisme des uns et des autres pour ne pas se laisser happer par la recherche du sensationnel. La tournure d’un article peut porter un jugement or le journaliste ne doit pas juger, il présente les faits, libre aux lecteurs de juger et de se faire leur opinion. Pour moi, c’est vraiment la formation des uns et des autres qui permettra de ne pas s’autocensurer et d’aller sur les terrains qui peuvent paraître glissants par moment », a conclu le ministre Akodah Ayéwouadan.
De son côté, Dr Tadjoudjine Memem, un des panélistes à cette rencontre de sensibilisation des journalistes, a affirmé qu’il y a une définition de la notion de vie privée dans le nouveau code de la presse et de communication notamment en son article 5. Toutefois, relativise-t-il, dans la pratique la limite peut paraître difficile à trouver mais les textes tels qu’énoncés font une distinction nette entre la vie privée et la vie publique. « La vie privée de la personne, c’est toutes les questions relatives à sa situation personnelle, c’est-à-dire ces convictions personnelles, les questions relatives à sa famille…les éléments qui n’ont rien à avoir avec l’exercice de sa profession ou le poste qu’il occupe politiquement. La vie privée, c’est lorsque le comportement ou les faits n’ont aucun rapport avec les fonctions exercées par l’autorité publique mais j’avoue que dans certaines situations la caractérisation peut-être difficile », a indiqué le juriste.
Au final, affirme ce dernier, « c’est au juge qu’il revient de caractériser, bien sûr en se basant sur les dispositions légales, si le fait ou l’élément en question relève de la vie privée ou publique d’une telle autorité ».
Atha ASSAN