Les ressortissants burkinabè ne pourront plus déposer leur demande de visa américain sur leur territoire. Ils sont désormais obligés de se rendre à l’ambassade des États-Unis à Lomé, au Togo, pour effectuer les démarches. Une décision de Washington qui a pris de court les autorités burkinabè.
Le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Traoré, a confirmé jeudi avoir reçu « avec surprise » une note verbale de l’ambassade des États-Unis à Ouagadougou officialisant cette mesure. « C’est avec surprise que nous avons reçu cette note confirmant ce qui, jusque-là, relevait de simples rumeurs sur les réseaux sociaux », a déclaré le chef de la diplomatie burkinabè.
Selon la note américaine, la décision s’explique par le non-respect, par certains ressortissants burkinabè, des consignes relatives à l’usage des visas, notamment les visas touristiques et étudiants. L’ambassade des États-Unis au Burkina Faso suspend donc temporairement la délivrance de ces visas, renvoyant les demandeurs vers Lomé.
« La note précise également qu’il faudra reprendre les procédures d’inscription et de paiement auprès de l’ambassade américaine au Togo », a ajouté le ministre Traoré.
Au-delà des motifs officiels, Ouagadougou estime que cette décision pourrait être liée à un différend plus ancien avec Washington. Selon Karamoko Traoré, les États-Unis avaient proposé au Burkina Faso d’accueillir sur son sol des ressortissants africains expulsés des États-Unis dans le cadre de leur politique migratoire. « C’était une proposition indécente et contraire à notre valeur de dignité », a tranché le ministre. Le Burkina Faso avait refusé cette offre, estimant qu’il n’était pas question de transformer le pays en terre de déportation.
Malgré plusieurs tentatives américaines, y compris lors de la 80e Assemblée générale des Nations unies, le gouvernement burkinabè a maintenu sa position.
« Tout Africain désireux de venir au Burkina Faso librement est le bienvenu. Mais des ressortissants envoyés sous contrainte, parce que leur pays les rejette, ne le sont pas. Le Burkina Faso n’est pas une terre de déportation », a insisté le chef de la diplomatie.
Si le ton est resté mesuré, Karamoko Traoré a laissé entendre que le Burkina Faso ne restera pas indifférent.
« En diplomatie, on parle de réciprocité. Nous prendrons les mesures qu’il faut, à la limite de celles décidées par les États-Unis, sans pour autant compromettre l’amitié et la fraternité entre nos deux peuples », a-t-il affirmé.
Le ministre a rappelé que le Burkina Faso demeure « une terre ouverte et de dialogue », tout en exigeant le respect mutuel dans ses relations internationales.
Atha ASSAN









