Les sages-femmes constituent un des maillons essentiels dans le système de santé notamment pour ce qui est du suivi des femmes enceintes. Toutefois, leur effectif en Afrique subsaharienne constitue un véritable problème de santé publique. Le sujet a été au cœur d’un webinaire organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) à l’occasion de la Journée internationale de la sage-femme 2025.
Les sages-femmes, selon Dr Robert Lucien Jean Claude Kargougo, ministre de la santé du Burkina Faso, jouent un rôle essentiel en accompagnant les femmes tout au long de leur grossesse, lors de l’accouchement et pendant la période postnatale. « Il est important de noter que près de trois femmes sur quatre suivies pendant leur grossesse le sont par une sage-femme ou un maïeuticien. Elles sont souvent les premières et les seules à prodiguer des soins vitaux aux femmes et aux nouveau-nés lors d’une crise, qu’elle soit due à une catastrophe naturelle ou au terrorisme, et à atteindre les femmes enceintes dans les zones les plus dangereuses ou les plus reculées. », a-t-il indiqué.
Le thème retenu pour la célébration de cette année est : « Les sages-femmes : indispensables en toutes circonstances ». Pour Dr. Sennen Hounton, Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), cela résonne particulièrement en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les urgences humanitaires, les conflits, les déplacements liés au climat et la faiblesse chronique des systèmes de santé affectent gravement les femmes et les filles. « Ces crises touchent de manière disproportionnée les femmes enceintes, mettant en évidence le rôle essentiel des sages-femmes en première ligne ». Les chiffres, en effet, sont alarmants : « plus de 500 femmes meurent chaque jour dans des contextes fragiles à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Dans notre région, une femme meurt toutes les quatre minutes. Un nouveau-né décède toutes les 17 secondes. Une fille sur trois devient mère alors qu’elle est encore une enfant. Et pourtant, un investissement accru dans les sages-femmes permettrait d’éviter près des deux tiers de ces décès. Car les sages-femmes ne se contentent pas de mettre des enfants au monde ; elles sauvent des vies, dans des conditions souvent extrêmement difficiles », a-t-il souligné.
Notons que la suspension des financements ces dernières années perturbent les avancées. « En 2025, des réductions majeures de financement – notamment la fin du soutien de l’USAID et la baisse générale de l’aide publique au développement – ont entraîné la fermeture de services essentiels. En République centrafricaine, les salaires des sages-femmes ont été suspendus brutalement, mettant en péril les soins de milliers de femmes déplacées. Au Tchad, des centaines de postes de sages-femmes et de travailleurs psychosociaux sont aujourd’hui menacés. L’UNFPA redéploie les fonds disponibles, mais la situation n’est pas tenable à long terme », a averti Dr. Sennen Hounton. « Si le monde tourne le dos aux sages-femmes, il tourne le dos aux femmes. Et pourtant, nous savons ce qui fonctionne. Nous savons qui sauve des vies », a-t-il ajouté.
Atha ASSAN