L’Afrique fait face à une réduction progressive des ressources extérieures destinées à financer le secteur de la santé. L’ascension au pouvoir du nouveau président américain, Donald Trump a enfoncé le clou avec la suspension des aides de l’USAID. Pour faire face à ces situations qui coïncident avec la résurgence des épidémies sur le continent, le Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) lance une stratégie.
La réponse est stratégique. « En collaboration avec les États membres de l’Union africaine, l’agence guidera les efforts visant à réviser les plans nationaux de financement de la santé, à renforcer l’investissement national dans la santé et à piloter des mécanismes de revenus innovants et adaptés au contexte, conçus pour mobiliser des financements durables et prévisibles », informe un communiqué rendu public ce 11 avril par l’Agence.
Selon Dr Jean Kaseya, directeur général du CDC Afrique, « L’Afrique ne peut pas continuer à externaliser sa sécurité sanitaire ». « Cette stratégie n’est pas une question d’aide, mais d’appropriation. Nous construisons un avenir où l’Afrique investit dans sa population, pilote son propre programme de santé et réagit aux crises avec rapidité, force et autonomie. », a-t-il indiqué.
La stratégie, en effet, exhorte les gouvernements à respecter la Déclaration d’Abuja en allouant au moins 15 % de leurs budgets nationaux à la santé. Aussi introduit-t-elle des solutions de financement innovantes, telles que des taxes de solidarité sur les billets d’avion, l’alcool et les services de téléphonie mobile, tout en explorant comment les 95 milliards de dollars US de transferts de fonds annuels de la diaspora africaine peuvent soutenir les priorités nationales en matière de santé. « Des outils de financement mixte seront utilisés pour débloquer des capitaux publics et privés en vue d’investissements essentiels dans les infrastructures, la santé numérique et la production locale de vaccins et de fournitures médicales », ajoute-t-on.
Notons que la mise en œuvre se fera par étapes. « La première phase (2025-2026) sera axée sur la mise à jour des plans nationaux de financement de la santé dans 30 pays, l’expérimentation de mécanismes de financement innovants et le lancement de tableaux de bord de transparence. La deuxième phase (2026-2030) permettra de généraliser les approches efficaces, avec pour objectif de permettre à au moins 20 pays de financer 50 % ou plus de leur budget de santé par des ressources nationales durables », communique CDC Africa.
Pour suivre les résultats et garantir la responsabilité, Africa CDC déploiera un nouveau tableau de bord du financement de la santé en Afrique pour surveiller les progrès, améliorer l’alignement des donateurs et accroître l’efficacité des dépenses nationales. « Cette stratégie marque un tournant décisif pour l’indépendance sanitaire de l’Afrique. Grâce à l’impulsion politique de l’Union africaine et à des mécanismes de coordination régionale éprouvés, le CDC Afrique se positionne, ainsi que le continent, pour ouvrir la voie à une nouvelle ère de financement durable et souverain de la santé », informe-t-on.
Faut-il le souligner, d’après les estimations, l’aide extérieure à la santé destinée à l’Afrique devrait chuter de 70 % entre 2021 et 2025. Cette forte baisse de l’aide publique au développement, conjuguée à une augmentation de 41 % des épidémies entre 2022 et 2024, accable des systèmes de santé déjà sous pression. Sans réformes urgentes, le continent risque de perdre des décennies de progrès durement acquis en matière de contrôle des maladies, de soins maternels et de préparation aux épidémies.
Institution autonome de santé publique de l’Union africaine, le Centre africain de Contrôle et de Prévention des Maladies est créé le 31 janvier 2017. Cette institution a pour rôle de prévenir et de contrôler les maladies en Afrique en fournissant une orientation stratégique et un soutien aux 55 pays membres de l’UA. Son but est d’appuyer les initiatives de santé publique des pays africains et pour renforcer la capacité de leurs institutions de santé publique dans la gestion efficiente des menaces de maladies.
Atha ASSAN