A l’occasion de la journée du 10 octobre dédiée à la santé mentale, Handicap international (HI) en collaboration avec le Programme national des Addictions aux produits psychoactifs (PNAPP) a organisé une rencontre avec les professionnels des médias. D’importants sujets ont été abordés parmi lesquels l’enfermement des personnes souffrant de troubles mentaux dans des centres de prières au Togo. Voici ce que pensent les psychiatres de ce fait.
Selon le docteur Saliou Salifou, psychiatre, Médecin-chef de l’hôpital de Zébé, la place de quelqu’un qui souffre d’une maladie mentale n’est pas dans un centre de prière. « Il faut qu’on oriente les malades vers les hôpitaux », conseille le psychiatre qui affirme que « Tout ce qui amène les gens chez les charlatans sont des motifs pour voir un psychiatre ».
Par ailleurs, le médecin reconnaît un rôle important de ces centres dans la société. « L’avantage des structures de prière dans nos milieux c’est qu’elles sont considérées comme des familles de substituts pour des malades abandonnés. Quand ils se retrouvent dans les centres de prière, c’est une nouvelle famille qui les entoure et sur cette base on peut se dire que ces centres contribuent quand même au bien-être de la personne ». Toutefois, précise le psychiatre, ils ne sont pas efficaces pour traiter une maladie mentale. « Tu souffres et tu n’es pas encore stabilisé avec les médicaments et quelqu’un dit de faire une psychothérapie par exemple, comment vous allez comprendre cela », s’interroge le docteur.
Mme son de cloche chez le Professeur Nubukpo Philippe, Psychiatre vivant en France qui était présent à la conférence. « Dans l’arsenal thérapeutique, il n’y a aucune prière qui enlève une maladie mentale », déclare-t-il aussi de son côté. Certes, ajoute le psychiatre, il y a des techniques psychothérapeutiques où on peut utiliser la pensée magique, la persuasion, la subjection pour guérir certains symptômes. « L’hypnose par exemple est une technique très subjective qui est utilisée par le prêtre vaudou, utilisée aussi dans les églises. Mais il n’y a aucun arsenal thérapeutique validé en psychiatrie qui vient de la prière. Ce sont des espaces différents », a-t-il martelé.
A noter que cette année, le thème retenu pour la célébration de la journée est : « Faire de la santé mentale et du bien-être pour tous une priorité mondiale ».
Atha ASSAN